Le Mont Blanc conquiert l'âme des artistes et des écrivains

Une fois de plus, le massif du Mont Blanc conquiert l'âme d'un écrivain et captive son imagination : "J'ai toujours aimé les montagnes et j'ai toujours eu l'impression qu'elles peuvent offrir au récit un cadre effrayant, un endroit parfait pour une histoire dans laquelle une femme est prisonnière d'une vieille maison de famille", dit Danielle Trussoni.

[...] Mont Blanc. Le sommet se dressait devant nous, monstrueux dans ses dimensions, si haut qu'il semblait s'étayer dans le ciel. Son corps large et massif était brun et maladroit, un tas d'argile gravé au couteau, de nombreuses entailles et rainures bénies par la glace.[1] 

Le Mont Blanc a joué un rôle fondamental dans le développement de la représentation esthétique de la haute montagne d'aujourd'hui. La naissance du tourisme alpin au XVIIIe siècle a été favorisée par diverses expressions artistiques.

EN LITERATURE

Le massif du Mont-Blanc, de la fin du XVIIIe siècle avec les récits des ascensions de 1786 et 1787 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, apparaît dans de nombreux ouvrages, parfois comme sujet principal, parfois comme dècor d'un roman ou comme objet d'études philosophiques.

Danielle Trussoni avec son roman "The Ancestor" retrace le parcours de nombreux grands auteurs qui ont célébré dans leurs œuvres les sommets du Mont Blanc et de ses glaciers :

[...] Plus haut, beaucoup plus haut, perçant le ciel infini
Le Mont Blanc apparaît, ferme, enneigé, serein,
Et les formes sinistres des montagnes de ses sujets
empilés autour d'elle, de la glace et des rochers ; 
et entre les deux, de larges vallées
des torrents gelés, des profondeurs insondables
aussi bleu que le ciel qui s'étend
soufflant à travers des amas de précipices; [2]

Ecrit dans son célèbre poème "Mont Blanc" le poète anglais Percy Bysshe Shelley

[...] La mer, ou plutôt, le large fleuve de glace, serpentait à travers les montagnes dont les sommets aériens planaient au-dessus des bras de mer. Leurs pics glacés et scintillants passés au soleil au-dessus des nuages. Mon cœur, autrefois si triste, s'est gonflé de quelque chose qui ressemble à de la joie.[3] 

Les émotions suscitées par la vue du glacier sont intenses et globales, comme le raconte Mary Wollstonecraft Shelley dans "Frankenstein".

"J'aime beaucoup le Frankenstein de Mary Shelley, dans le roman, il y a des étapes qui se déroulent dans la région du Mont-Blanc", dit Danielle Trussoni, "et d'une certaine manière, à travers "l'Ancêtre", je voulais aussi rendre hommage à cet auteur" :

[...] Cet hiver-là, j'ai lu plusieurs fois Frankenstein, fasciné par le monstre torturé qui a traversé les Alpes par ma fenêtre, une créature trahie et désespérée, un fils blessé et meurtrier, quelque chose qui voulait de l'amour mais qui n'a trouvé que la mort et le désespoir.[4] 

En mai 2020, la Fondation Montagne Sûre a interviewé l'auteur Danielle Trussoni en lui demandant quel est son rapport avec le Mont-Blanc : "J'ai moi-même visité toute la région autour du Mont-Blanc en mai 2018. Je pense qu'il était essentiel pour moi d'être physiquement en présence d'un lieu aussi incroyable, de sentir vraiment à quel point les montagnes sont énormes par rapport à moi, mais aussi de comprendre la culture de la Vallée d'Aoste et de comprendre comment mon personnage a pu vivre de manière authentique dans ce lieu. “

D'après la description, le château de Montebianco semble se situer dans la zone comprise entre La Thuile, le col du Piccolo San Bernardo et le Val Veny, nous avons demandé à l'auteur Danielle Trussoni si c'était vraiment l'endroit : "Oui, c'est juste quelque part dans cette zone ! Je n'ai pas voulu donner l'emplacement exact, bien sûr, parce que j'ai inventé ce village. Il fallait qu'il soit suffisamment caché pour donner au protagoniste du roman le sentiment d'être piégé là, dans un endroit où personne ne passe ni ne s'arrête. Mais il fallait aussi qu'elle soit reconnaissable d'une manière ou d'une autre. Je suis heureux qu'il ait été reconnu !" [5]

DANS LES ARTS FIGURATIFS

Le Mont Blanc a été décisif pour le développement du concept d'esthétique de la montagne. Pendant la période du Romantisme, qui représente la période la plus importante pour la représentation picturale de la beauté sublime de ses sommets, des artistes fameux comme  J.M. William Turner, Eugène Viollet-Le-Duc, Oskar Kokoschka et bien d'autres se sont distingués pour leurs études picturales approfondies.

À partir du milieu du XIXe siècle, le Mont Blanc est devenu l'un des sujets les plus représentés par les pionniers de la photographie de montagne. Entre 1859 et 1862, les frères Bisson ont documenté l'ascension du Mont Blanc avec des images qui ont fait l'histoire de la photographie.

Le 7 avril 2020, le New York Times a publié une critique du livre de Danielle Trussoni, "The Ancestor", dans laquelle figure en haut de l'article une image assez énigmatique conçue par Deena So' Oteh, où le visage d'une femme se confond avec le Mont Blanc au fond duquel se dresse le Château de Saint-Pierre.

La jeune artiste, née à Petersburg qui vis à Brooklyn, nous raconte qu'elle a voulu exprimer l'articulation de l'intrigue et le mystère de ce roman par l'utilisation d'un noir profond, de coups de pinceau forts et d'une gamme de couleurs limitée. Le bleu représente la montagne et le rouge l'ADN comme un fil qui relie le présent de la femme/montagne avec un passé plein de mystère qui dans l'œuvre est représenté par le château caché dans les entrailles de la montagne.